La dernière aventure d'un héros mythique
Je suis étonnée aussi de cette sosification physique entre Manolo et Pablo (sauf qu'ils n'ont pas le même nez, ni la même voix) ce même Pablo apparu dans l'Oreille Cassée, pris régulièrement entre le Bien et le Mal, mais ayant basculé finalement du mauvais côté , contrairement à Wolff dans la bilogie lunaire : quand il se rend compte que Boris/Jorgen veut tuer tout le monde, il a un sursaut de lucidité et en voulant lui arracher son flingue, le tue bien malgré lui, et, honteux des événements,… voir la suite
Je suis étonnée aussi de cette sosification physique entre Manolo et Pablo (sauf qu'ils n'ont pas le même nez, ni la même voix) ce même Pablo apparu dans l'Oreille Cassée, pris régulièrement entre le Bien et le Mal, mais ayant basculé finalement du mauvais côté , contrairement à Wolff dans la bilogie lunaire : quand il se rend compte que Boris/Jorgen veut tuer tout le monde, il a un sursaut de lucidité et en voulant lui arracher son flingue, le tue bien malgré lui, et, honteux des événements, finit par se racheter en se sacrifiant par un suicide spatial pour qu'ils puissent rentrer vivants sur Terre.
Mais Tintin ne s'y est pas trompé malgré tout, puisqu'il s'est souvenu du bon côté de Pablo qui l'avait aidé dans l'Oreille Cassée et décide de ne pas être rancunier en obtenant de lui rendre sa liberté... Haddock, ignorant apparemment le contexte de la 1ère rencontre entre Tintin et Pablo, n'est pas d'accord, mais Tintin en impose par son charisme et son leadership naturel et Haddock ne peut que constater la décision sans toutefois lui lancer un dernier juron "C'est pourtant tout ce que tu mérites, espèce de cloporte !"
cette rubrique nous fait découvrir les coulisses de Tintin ainsi que les inspirations d'Hergé. Merci pour ça .
"Tournesol plus fort que midable" - Article publié hier, 1er avril, dans la rubrique "Actualité" du site et ayant pour objet le disulfirame, ce médicament anti alcoolique !!! Un "1er avril" ... DONC ... un "poisson" ... ? Que NON : le disulfirame existe bel et bien ... découvert "par hasard" en 1948 par les chercheurs Erik Jacobsen et Jens Hald dans le laboratoire pharmaceutique Medicinalco au Danemark et employé comme médicament, effectivement… voir la suite
"Tournesol plus fort que midable" - Article publié hier, 1er avril, dans la rubrique "Actualité" du site et ayant pour objet le disulfirame, ce médicament anti alcoolique !!! Un "1er avril" ... DONC ... un "poisson" ... ? Que NON : le disulfirame existe bel et bien ... découvert "par hasard" en 1948 par les chercheurs Erik Jacobsen et Jens Hald dans le laboratoire pharmaceutique Medicinalco au Danemark et employé comme médicament, effectivement sus les noms d'Antabuse ou Antabus dans le cas de dépendance à l'alcool : voir Wikipédia ...
Dès lors, Tournesol, perdrait toute son originalité, n'aurait RIEN inventé ... ? Peut-être même aurait-il plagié ... ? Que NON également !!! Car, prenons plus que jamais acte que le "Stopalcool" (savoureuse dénomination hergéenne des comprimés du professeur apparue dans "Tintin et l'Alph Art" en p. 62) contient "un produit à base de plantes médicinales ... et n'est absolument pas toxique" (TEP, 42-I-3 et II-1) lors que le disulfirame (ou Disulfure de tétraéthylthiurame), lui, est un produit chimique de formule C10H20N2S4 !!!
Tournesol demeure un génial inventeur et un précurseur d'une conduite ... écologique en médecine et en thérapie !!!
Remarquons la présence d'un spot publicitaire dans Tintin et les Picaros quand le capitaine Haddock regarde la TV alors que dans la télévision belge la publicité est interdite.
@nicnol : l'album paru en 1976 fut effectivement très critiqué, pour commencer le jean remplaçant la culotte golf de Tintin, le fait qu'il refuse de faire le voyage contrairement à ses amis avant de revenir sur sa décision. On remarquera une amertume page 62 lorsque le capitaine Haddock dit qu'il ne serait pas fâché de rentrer à Moulinsart.
Cependant le récit est assez réussi avec un état d'esprit cornélien lorsque Tintin demande au général Alcazar de ne pas appliquer la peine de mort à ses… voir la suite
@nicnol : l'album paru en 1976 fut effectivement très critiqué, pour commencer le jean remplaçant la culotte golf de Tintin, le fait qu'il refuse de faire le voyage contrairement à ses amis avant de revenir sur sa décision. On remarquera une amertume page 62 lorsque le capitaine Haddock dit qu'il ne serait pas fâché de rentrer à Moulinsart.
Cependant le récit est assez réussi avec un état d'esprit cornélien lorsque Tintin demande au général Alcazar de ne pas appliquer la peine de mort à ses adversaires. Notons qu'il pardonne Pablo au sujet de sa trahison contrairement au capitaine Haddock.
On remarquera que Peggy Alcazar apporte un certain cachet à l'album avec son visage jamais agréable et sa forte personnalité et que l'ambiance du carnaval fait référence à celui de Nice, ce qui montre une excellente maîtrise de la documentation pour concevoir cette aventure.
Entièrement d'accord pour dire que le colonel Alvarez soit un lâche. Il fait partie des personnages les plus détestables avec le colonel Esponja et Pablo qui nous déçoit en choisissant de trahir celui qu'il avait aidé autrefois dans l'Oreille Cassée.
Je serai amené cependant à regretter que Hergé n'ai pas pensé à faire réapparaître monsieur Chicklets ou le colonel Juanito. Je pense que la présence de Monsieur Chicklets aurait apporté un plus. On aurait pu par exemple imaginer ce dernier parmi les Turlurons tenter en vain de mettre en garde le général Alcazar contre Tintin et que le capitaine Haddock interviendrait pour faire comprendre qu'il faut délivrer la Castafiore et ses amis.
"Tintin et les Picaros", cet album "échec" (ainsi que l’estiment ceux - et ils sont nombreux ! - qui ne prennent pas la peine d’en saisir toute la dimension d’amère et grinçante critique), exprime de manière éloquente le cas que Hergé faisait de l’état du Monde, alors encore sous la logique des "Blocs" de l’Est et de l’Ouest, des alliances militaires de l’OTAN ou du Pacte de Varsovie et vivant sous système économique capitaliste ou communiste … Pour lui, c’était… voir la suite
"Tintin et les Picaros", cet album "échec" (ainsi que l’estiment ceux - et ils sont nombreux ! - qui ne prennent pas la peine d’en saisir toute la dimension d’amère et grinçante critique), exprime de manière éloquente le cas que Hergé faisait de l’état du Monde, alors encore sous la logique des "Blocs" de l’Est et de l’Ouest, des alliances militaires de l’OTAN ou du Pacte de Varsovie et vivant sous système économique capitaliste ou communiste … Pour lui, c’était "Kif - Kif" et il l’illustre en l’amalgame qu’il opère entre le San Théodoros et la Bordurie, le "Loch Lomond" et "l’International Banana Company" ("Un bel imbroglio" pour reprendre le jugement de Tintin en TEP, 1-III-3) et qu’exprime (avec quelle suggestive lucidité !) la double vignette placée en vis-à-vis, TEP, 11-IV-1. Par elles, on s’avise du "contraste" entre une cité latino-américaine moderne, "civilisée", "étatsunoisée", grouillante de "touristes", minable émanation de ce qu’est devenu l’Occident européen ET … la sordide misère des favelas crasseuses où agonisent dans l’alcool et la drogue des populations amérindiennes paupérisées, tenues "en respect" par la soldatesque du régime. Vignettes à ce point CRIANTES de Vérité que je les place EN TÊTE de TOUTES celles sorties de la plume de Hergé !!!
On peut cependant se demander si le scénario de l’album, en sa version finale, ne se ressent pas du très long tâtonnement de Hergé, sa genèse, contemporaine de la révolution cubaine, remontant en effet au début des années ’60, juste après "Les Bijoux de la Castafiore". Dans le synopsis originel, outre la tournée de la Castafiore en Amérique du Sud qu’annonçaient l’interview télévisée puis l’épilogue des "Bijoux", outre les Dupondt, la parcourant à nouveau aux fins de lui restituer l’émeraude, figure déjà Sponsz, délégué par le régime "plekszy-gladzien" de la Bordurie aux fins d’aider la révolution "bigotudos" (métaphore des "barbudos" de Fidel Castro) d’Alcazar, dès lors d’obédience analogiquement "castriste" (*).
(*) rappelons que l’album aurait dû s’appeler "Tintin et les Bigotudos" …
Le "blocage" quant au rôle dévolu à Tintin, à ce point semblant favoriser une révolution "alcazaro-castriste" qu’il parait rompre avec son non-engagement politique, va durer une bonne dizaine d’années. D’où le singulier et apparemment contradictoire amalgame de la version définitive entre :
1° le régime du général Tapioca qualifié par Haddock de "Mussolini de carnaval" (TEP, 8-IV-3), manifestement d’obédience extrême droitiste à en juger par les uniformes sinistrement "vert-de-gris", la forme du casque des soldats qui en rappelle d’autres au souvenir tout aussi sinistre et ses relations commerciales avec le "Loch Lomond" très anglo-saxon. Le "San Theodoros" tapioquiste symbolise au mieux cette Amérique latine, refuge de nazis pendant des dizaines d’années … avec la complaisance voire même la complicité des Etats-Unis, lesquels y opèrent "bonne garde" dans la "logique" de la "doctrine Monroe" aggravée par les réalités géo stratégiques et géo politique de la "guerre froide" ;
2° l’état de la Bordurie dont il convient de rappeler l’évolution politique à travers deux précédents albums :
a) dans "Le Sceptre d’Ottokar", elle est placée sous régime incontestablement fasciste, l’analogie métaphorique opérée à l’époque par Hergé avec le nazisme étant à ce point transparente qu’on s’étonne encore que l’album n’ait pas été interdit pendant l’Occupation ;
b) dans "L’Affaire Tournesol", album contemporain de la guerre froide, la Bordurie est devenue communiste ce que tend à prouver :
- le tyran Plekszy-Gladz, dont le grade (maréchal), la moustache (inscrit en tous les symboles du pays … jusque dans l’orthographe de sa langue !) et le nom évoquent de manière parodique Staline, "l’homme d’acier", maréchal de l’Union soviétique ;
- une police d’Etat évoquant le NKVD soviétique et missionnant des "interprètes" accompagnant constamment les visiteurs occidentaux ;
- le vol de secrets scientifiques aux fins d’assurer à la nation bordure la domination mondiale
- un état-major ne reculant pas devant la perspective d’avoir à rayer de la carte du monde "une gigantesque cité d’outre-Atlantique qu’il est inutile de nommer" (AT, 52-IV-1) ;
c) dans "Les Bijoux de la Castafiore", il est fait mention d’un "discours d’une rare violence" du maréchal Plekszy-Gladz au "XXIème Congrès du Parti moustachiste". Or, l’album a été conçu en 1960-61, la parution dans le Journal Tintin commençant le 04 juillet 1961, soit entre les XXIème (27 janvier - 05 février 1959) et XXIIème Congrès (17 au 31 octobre 1961) du PC de l’URSS ;
Il convient toutefois de noter que Hergé semble bien devoir procéder déjà à un amalgame entre tyrannie fasciste et communiste en ce que :
- les uniformes des officiers supérieurs (dont le colonel Sponsz) paraissent calqués sur ceux du Troisième Reich ;
- leur brassard, de couleur rouge, blanc et noir, est évocateur de de la Croix gammée nazie ;
- le salut "Amaih Plekszy-Gladz" se situe dans la descendance du "Heil Hitler" ;
On peut donc considérer qu’Hergé, par la métaphore de la Bordurie, procède par caricature à une condamnation du Totalitarisme, que celui-ci soit de l’Allemagne nazie ou de l’URSS stalinienne, fasciste ou communiste.
Dans "Tintin et les Picaros", l’amalgame apparaît pleinement accompli, le général Tapioca, caricature de Pinochet et des dictateurs d’extrême droite latino-américains formant la "clientèle" des Etats-Unis, ayant fait alliance avec cette Bordurie que nous avions quittée en son obédience stalinienne ou post stalinienne … jusqu’à adopter le symbole "moustachiste" (la "noble idéologie de Plekszy-Gladz" - TEP, 47-II-3) et accorder toute sa confiance au colonel Sponsz, chargé de la réorganisation de la Police d’Etat au point de commander à des officiers San Théodoriens de même grade tel l’opportuniste et lâche colonel Alvarez (qui lui donne du "mon colonel" à tour de bras) et utilisant des sous-fifres vénaux à souhait de l’espèce Manolo ou Pablo …
A "l’opposé", le général Alcazar et ses "Picaros" (évocation, outre des "Barbudos" de Fidel Castro, des "Tupamaros" uruguayens) aux uniformes évoquant de manière frappante ceux du régime castriste mais … financé et aidé par cette "puissance économique et financière", "l’International Banana Company" (TEP, 1-2-3) au nom pourtant si contradictoirement étatsunien …
Cette fois, l’amalgame est utilisé à plein aux fins de stigmatiser et condamner capitalisme étatsuno-occidental et communisme soviétique post stalinien. Tintin, ayant perdu la mythique toute puissance des premiers albums dont il était investi, ne songe plus qu’à … "cultiver son jardin" loin des tumultes du Monde … Seule la nécessité de porter aide à sa "famille" et ses amis le décide à quitter le "havre" de Moulinsart … assiégé par ces mêmes "tumultes" et la vengeance du colonel Sponsz …
La morale de "l’album-échec" … "l’album-de trop" … ? Que vaut le Monde … ? RIEN !!!
Bien dommage que l'album ne soit pas paru en 1979. On aurait certainement vu parmi les carnavaliers Goldorak ou Candy Candy ! Et bien dommage de ne pas avoir mis parmi les turlurons Mr Chicklets. On aurait imaginé que ce dernier aurait tenté à conditionner le général Alcazar contre Tintin ....mais en vain contrairement à ce qui s'était passé dans l'oreille cassée.
Case de l'arrivée de l'autocar des Turlurons-revolutionnaires on voit Astérix et... en bas à gauche un clin d'œil d'Hergé un déguisement du Lotus bleu...
Comparer Sprbodj dans le sceptre d'Ottokar et le Général Tapioca. Ne remarquez vous pas une ressemblance ?
On peut se demander quelle raison a déterminé Hergé à choisir la période du "Carnaval" pour situer sa dernière aventure achevée ... Entendons une raison consciente (faciliter le dénouement du conflit Alcazar/Tapioca par le biais de l'intrusion des "Turlurons" qui en détermineront la "résolution") mais aussi une raison inconsciente, par delà ladite intrusion des "Turlurons (Alcazar ne s'exclame-t-il pas significativement : "Ces Turlurons, caramba ! le ciel… voir la suite
On peut se demander quelle raison a déterminé Hergé à choisir la période du "Carnaval" pour situer sa dernière aventure achevée ... Entendons une raison consciente (faciliter le dénouement du conflit Alcazar/Tapioca par le biais de l'intrusion des "Turlurons" qui en détermineront la "résolution") mais aussi une raison inconsciente, par delà ladite intrusion des "Turlurons (Alcazar ne s'exclame-t-il pas significativement : "Ces Turlurons, caramba ! le ciel nous les a envoyé ! ..." TEP, 54-I-1 - ?) ... inhérente à la symbolique même du Carnaval ... Qu'Hergé ait préalablement composé sa toute première case montrant un paysage d'été en pleine saison carnavalesque me paraît à cet égard relever d'un "acte manqué" ...
Le mot "Carnaval" nous vient d’Italie mais a conservé son étymologie latine : « carnis levare », soit, « enlever, ôter la viande, la chair ». Son rite relève d'une récupération par le christianisme, qui l’a mué en une ultime "fête" avant le jeûne de quarante jours du Carême, de très anciens cultes dont les « Lupercales romaines » et les « Saturnales », fêtes païennes exprimant respectivement l'intrusion du monde sauvage dans le monde civilisé, celle du désordre dans la vie réglée, celle du monde des morts dans celui des vivants ET les très anciens sacrifices humains pratiqué par les Pélasges, un des peuples les plus anciennement installés dans le Latium en des immolations dédiées au "dieu" Saturne.
De ces tragiques traditions, "Tintin et les Picaros" ne témoigne plus que d’une dérisoire et grossière caricature !!! Car, de quoi est-il question dans son dénouement ? De la "Révolution" par laquelle Alcazar entend reprendre (une fois de plus !) le "Pouvoir" à son éternel rival, Tapioca ... Du moment qu’elle ait pour cadre le Carnaval à la "sauce" moderne, elle n’offre plus qu’une parodie avec ces "fêtes" antiques au cours desquelles des hommes étaient immolés. C'est qu’en l’occurrence, la condition posée par Tintin de son aide (et, en tout premier lieu, le dessoûlement des Picaros le temps que s'accomplisse la reprise du "Pouvoir") signifie l'interdiction que la moindre goutte de sang soit répandue … pas même celui de Tapioca, en dépit de ses objurgations ("de grâce ne me faites pas grâce !" - TEP, 57-II-2 -) et des "insistances" de son "aide de camp", le colonel Alvarez, qui, conformément aux "traditions" San-Théodoriennes, s'est empressé de "tourner casaque" (à cet égard, Sponsz, en dépit de sa visible confusion, apparait d’une toute autre trempe que ces "officiers" d’opérette) !!!
Nous connaissions, depuis "L’Oreille cassée", pareille connivence entre "politique" et chienlit pseudo "révolutionnaire" grand guignolesque … jusque dans l’abus d’aguardiente par l’abstinent Tintin (OC, 21-II-3) auquel il doit à la fois son salut et son élévation au grade de colonel-aide de camp … après avoir été promené en triomphe par la populace (OC, p. 22) !!! Du moins le dramatisme formant la trame de l’album s’accentuait encore durant "l’expérience" politico-militaire de Tintin jusqu’à en faire un des plus noirs d’Hergé, en le côtoiement du Sang et de la Mort … La seule effusion de liquide qui, cette fois, sera assurément répandu par barriques entières durant le "Carnaval de Tapioquapolis", c'est le Loch Lomond :
"Même si le héros interdit provisoirement aux Arumbayas et Picaros de se soûler, il ne peut ignorer l'alternative : le sang ou le whisky, le sacrifice ou la dépense ostentatoire, qui est la forme contemporaine que prend le sacrifice, dans une société fondée sur l'économie monétaire" (Jean-Marie Apostolidès).
Nous retrouvons à nouveau le ton "doux-amer" du Hergé de la dernière manière, à ce point incomprise qu’elle continue à lui être reprochée, retentissant cette fois d'un ricanement sardonique : point d'effusion de sang (donc, de son corollaire, l'HEROÏSME qui, en quelque sorte, "justifie" et "rachète" le sang versé) ... mais effluves de whisky au sein d'une chienlit (vocable qui, soit dit en passant, se rapporte en son sens populaire aux masques parcourant les rues au temps du Carnaval) qui ne craint point cependant de s'autoproclamer "révolution" au son des cris et "musiqueries" discordantes du "mardi-gras" avec des "guérilleros" costumés en "Turlurons" de Lampion à l’avant-centre … Que coûte désormais le Monde … RIEN !!! Et il ne vaut assurément plus que l’on se sacrifie pour lui !!!
"Ce faisant, il (Tintin) établit l’identité entre révolution et carnaval, l’une et l’autre ne se distinguant maintenant que par la quantité de whisky absorbé. Cette équivalence en entraîne une autre : Alcazar et Tapioca sont non seulement deux figures jumelles mais ils se placent en miroir avec la figure du roi du Carnaval. Leur sceptre est son sceptre : un immense cigare qu’ils brandissent pour affirmer leur puissance. Alors que celui d’Ottokar était en or, le sceptre d’Alcazar est en feuilles de tabac et il se consume aussi rapidement que le pouvoir qu’il représente. Tandis que le sceptre s’envole en fumée, la structure de l’univers vieilli se liquéfie dans l’alcool : cigares et whisky sont les emblèmes fondamentaux de l’univers Lampion. Alors que ceux de la monarchie syldave étaient uniques, ceux-ci sont multiples et accessibles à la masse ; les premiers étaient fondés sur le qualitatif, les seconds, qui se renouvèlent sans cesse, sur le quantitatif. Ils permettent une constante transformation du monde en même temps qu’ils disent son inéluctable dégradation. Si l’univers politique et social ne cesse maintenant de se métamorphoser, à l’inverse l’univers privé de Tintin tâche de conserver sa stabilité, de se durcir dans une image héroïque." (Jean-Marie Apostolidès).
Soit, toute la distance entre l’authentique Pouvoir incarné en la Monarchie, exercé par un monarque (aux antipodes de son Inversion "constitutionnelle" contemporaine) et la prétendue "démocratie". Qui, s’il a présent à l’esprit l'amertume que dégage "Tintin et les Picaros", pourra encore prétendre que le dernier album achevé d’Hergé est un échec … ?!!! Et ce que nous connaissons de "Tintin et l’Alph-Art" aurait encore accentué cette dénonciation sans ambages du Monde "moderne" ... NOTRE Monde, d'où l'authentique Lumière a disparu, chassée par les pseudos "Lumières" du siècle du même nom !!!
Album encore plus injustement décrié que "Vol 714 pour Sydney" ... bien que partageant avec "Coke en Stock" le statut "d’aventure bilan" (comme dans ce dernier, plusieurs personnages du passé sont reparaissent (*)), "Tintin et les Picaros" continue et accentue sur un mode encore plus "doux-amer" (et cette fois, carrément "amer") la dénonciation par Hergé du monde "moderne" que, 40 ans après la parution de l’album, NOUS avons… voir la suite
Album encore plus injustement décrié que "Vol 714 pour Sydney" ... bien que partageant avec "Coke en Stock" le statut "d’aventure bilan" (comme dans ce dernier, plusieurs personnages du passé sont reparaissent (*)), "Tintin et les Picaros" continue et accentue sur un mode encore plus "doux-amer" (et cette fois, carrément "amer") la dénonciation par Hergé du monde "moderne" que, 40 ans après la parution de l’album, NOUS avons désormais sous les yeux !!! A preuve, le fait, symbolique en soi, que l’auteur troque les éternels pantalons de golf de Tintin pour des jeans (innovation qui a "choqué" les puristes) pour le situer désormais dans le "moderne" ; le dote d’une motocyclette (avec panier arrière pour Milou) et l’affuble d’un casque frappé du symbole "Peace and Love", logo du pacifisme et de la non-violence … comme si Tintin avait, un temps, partagé le pseudo idéal des tout aussi pseudos "pacifistes" hippies (TEP, 1-II-1, 2 et 3) !!! Ce désenchantement, non pas de "Tintin" mais de l’époque où débutent "les Picaros", s’exprime dans le fait, anodin en soi, que le dernier album achevé s'ouvre sur un paysage hivernal, même si l’accomplissement de l’intrigue (le Carnaval de Tapiocapolis) impliquait forcément les abords de Moulinsart dépourvus de végétation sous un ciel couleur de plomb (TEP, 1-I et II-1) …
(*) tout particulièrement Ridgewell, assistant, impuissant, à la déconfiture des idéaux à la base de sa robinsonnade : la "civilisation qu'il avait fui est revenue le trouver, corrompant les Arumbayas vouéS à perdre leur culture et à devenir les épaves de la "société d'abondance".
A l’espace public, ses tumultes et ses fausses "valeurs", Tintin opte désormais pour l’espace privé qu’il s’est créé à Moulinsart … dût-il essuyer les véhéments reproches du capitaine : "Eh bien, restez ici à vous dorloter, les pieds bien au chaud dans vos pantoufles" (TEP, 11-II-1) … Attitude que les critiques et une bonne part du public ont véhémentement reprochée à Hergé, ne comprenant pas que, désormais, reflétant la pensée de son créateur, Tintin est "pour Tintin" sous n’importe quel régime et en n’importe quel lieu, aucune idéologie, aucune politique ne valant qu’on se détruise pour elle !!! Dès lors, qu’importent le San Theodoros et la Bordurie, Tapioca et Plekszy-Gladz, Alcazar, les Picaros et "l’International Banana Company" (cette puissance commerciale et financière), le whisky "Loch Lomond" envahissant jusque dans l’intimité de l’espace privé sous les espèces de la "PUB" (ainsi, en TEP, 8-II-3), cette apocope du vocable "publicité" devenue, dans la déliquescence de la langue, un synonyme à part entière, et tout le Saint-frusquin des tumultes du Monde … pour Tintin, "fils" d’Hergé, pressentant le piège qui est tendu (TEP, 11-I-1 et 3), la SEULE chose qui compte c’est ce qui profite uniquement à Tintin et à l’univers privé de Moulinsart !!!
Comment ne pas lui donner raison, à la lecture de la suite de l’album !!! Car, par delà Lampion qui, ayant raté le contrat des bijoux de la Castafiore, trouve encore le moyen d’enquiquiner le capitaine (TEP, 3-I-2 et 3), par delà une énième invasion de Moulinsart par la presse, ameutée par le faux bruit de l’implication du trio dans la pseudo conspiration impliquant la diva (une "histoire à la graisse de trombone à coulisse" selon le mot du capitaine - TEP, 6-II-2 -), incarnée (comment s’en étonner !) par Jean-Loup de la Batellerie et Walter Rizotto de Paris-Flash, exhibant en fait "d’info" (autre apocope qui fait fortune !) un journal intitulé significativement "La Vérité" (*) et précédant un envoyé de La Dépêche, un autre de Radio-Centre, un autre encore de Radio-Eclair … jusqu’au photographe du Tempo di Roma en TEP, 6,-III-1), qu’est-ce qui attend les … "conjurés d’opéra-comique" ou "de Moulinsart" (TEP, 8-III-3 et 11-II-4) ainsi que le postillonne le général Tapioca à la face de l’espace public mondial ? Hormis le péril mortel fomenté par le colonel Sponsz, la découverte (s’ils ne le savaient déjà pas !) de ce que des "civilisés" ont fait de "sauvages" : des Arumbayas, saoulés de whisky, ainsi que le constatera Tournesol (TEP, 32-III-3) aux singes qui ont eux-mêmes sombré dans l’ivrognerie (TEP, 30-IV-2) … une forêt "Vierge" devenue à ce point une "poubelle-cible" qu’on ne saurait s’étonner qu’outre les parachutages de whisky vienne y aboutir "l’univers Lampion" (dixit Jean-Marie Apostolidès) sous les espèces des "Joyeux Turlurons", cet ultime faire-valoir social du vendeur d’assurances significativement invité au Carnaval de Tapiocapolis… Autant de faits participant à la démonstration hergéenne de la décomposition du Monde par la "civilisation" au nom d’un soi-disant "Progrès" !!!
(*) est-ce, par cette allusion transparente au célèbre quotidien soviétique "La Pravda" (dont on sait qu'il pratiquait tout SAUF la "Vérité"), une manière pour Hergé de dénoncer les médias occidentaux ... logés à la même enseigne ... ?
Métaphore de l’or, mais d’un or dégradé, corrupteur, arrosant le monde entier, le whisky "Loch Lomond", omniprésent, "unifie" l’espace public, accomplissant les mêmes effets abrutissants que la drogue contenue dans les "Cigares du Pharaon" !!! Et s’il paraît "unifier", c'est en une pseudo fraternité de pacotille : celle d’une masse d’êtres vivants désormais passivement amorphes et abrutis. Son seul effet comique (le seul d’ailleurs de tout l’album !) ? Le fait que le capitaine, à une exception près (TEP, 2-II-3), traverse toute l’aventure des "Picaros" sans absorber une goutte d’alcool (il le recrache à pas moins de six reprises - TEP, 1-I-3 – 3-II-4b – 7-II-3b – 16-I-4 – 16-II-4b – 23-II-3b -), Tournesol, n'ayant pas craint cette "atteinte intolérable à la liberté individuelle" (TEP, 42-II-1) en le prenant comme cobaye pour tester, son "Stopalcool" (l’explication qu’il en donne en p. 42 représente la dernière manifestation dans l’œuvre d’Hergé d’une colère tournesolienne !) !!! Ces scènes de recrachement systématique de l’alcool lors que d’autres s’en gobergent jusqu’à plus soif (les Picaros d’abord - TEP, 39-III - avant leur "nécessaire guérison" -, les Turlurons ensuite, au cours de la fiesta ménagée par Alcazar sur les conseils de Tintin - TEP, 53-I -), comment n'y pas voir la séparation du monde de Moulinsart d’avec l’univers Lampion, de l’espace privé et du public !!! Toutefois, loin d’avoir le même retentissement mondial que l’agent neutralisant le N14 dans "L’Or noir", le "Stopalcool" n’intervient que pour assurer la "révolution" d’Alcazar à SEULE fin de permettre la libération les prisonniers de Sponsz et ramener le trio à Moulinsart … lors que Lampion et ses pareils sont décorés de "l’ordre de San Fernando" (on sait ce que Napoléon pensait de ces "hochets qui gouvernent les hommes" !) !!! Et s’il guérit (pour combien de temps ?) les Arumbayas, on pressent le destin qui attend ces derniers : promus à perdre leur culture en devenant les esclaves de la société d’abondance, ne doutons pas qu’ils viendront, quelque jour, échouer dans les favelas crasseuses de "Tapiocapolis" (l’ex "Las Dopicos" rebaptisée "Alcazaropolis") gorgées des déchets de la société de "consommation" et confiées à la bonne garde de la flicaille et de la soldatesque "alcazariste" après l’avoir été de la "tapioquiste". Car c'est en cette mise en miroir des deux cases fondamentales TEP, 11-III-2 et 62-IV-2, d’un réalisme à ce point sordide qu'il contraste avec le centre-ville "occidentalisé", que Hergé décoche son dernier "coup de patte politique" ... Ce "rien ne saurait changer sous le soleil", qu’il soit "de droite" ou "de gauche" (ou même du "centre" !), à ce point lucide qu'il a maintes fois été stigmatisé par les "critiques" de l’album …
Le style "doux-amer" du dernier Hergé (tout particulièrement avec "Tintin et les Picaros") paraît analogique avec le désenchantement de la série des "Gendarmes" en son dernier avatar, "Le Gendarme et les Gendarmettes" !!! On sent à son "ambiance" (significativement, le thème musical des "Gendarmes" en forme "d’hymne" figure comme une tentative de relancer la fraîcheur originelle) un changement d‘époque : celle séparant radicalement les fameuses "Trente Glorieuses" de l’ère de cette "Crise", endémique depuis 1973, et le "premier choc pétrolier" dont l’humanité, à l’orée de la Fin d’une civilisation, ne parvient pas à sortir …
Un album qui fut sévèrement critiqué à sa sortie les raisons étant le port du jean par Tintin et le fait que nos héros ne soient pas tentés par l'aventure (la fin amère à bord de l'avion du retour met bien en avant cela).
Si on prend plaisir de retrouver Alcazar, on est déçu par le retour de Pablo qui choisit de trahir nos amis dont Tintin qu'il avait sauvé d'une mise à mort dans l'Oreille Cassée.
Cependant, on n'est pas déçu de Ridgewell et ni des Arumbayas.
Reste à savoir comment… voir la suite
Un album qui fut sévèrement critiqué à sa sortie les raisons étant le port du jean par Tintin et le fait que nos héros ne soient pas tentés par l'aventure (la fin amère à bord de l'avion du retour met bien en avant cela).
Si on prend plaisir de retrouver Alcazar, on est déçu par le retour de Pablo qui choisit de trahir nos amis dont Tintin qu'il avait sauvé d'une mise à mort dans l'Oreille Cassée.
Cependant, on n'est pas déçu de Ridgewell et ni des Arumbayas.
Reste à savoir comment le récit aurait évolué si Mr Chicklets avait fait une apparition dans ce récit par exemple parmi les Turlurons. N'aurait-il pas encore monté la tête du Général Alcazar de nouveau contre Tintin ?
On notera en plus du colonel Esponja Sponsz un autre personnage détestable qui est l'hypocrite Colonel Alvarez qui en se montrant très accueillant participe au complot visant à faire sauter le camion du général Alcazar.
Ta raison jaquesherve
en plus j ai bien aimer les references de mickey asterix et autres chose
Je dirais meme plus et autres chose
S\'il fallait citer un personnage peu appréciable, ce serait derrière le Colonel Sponsz et le Général Tapioca, le Colonel Alvarez qui renvoie l\'image d\'un personnage hypocrite.
Aussi un excellent album mais qui met fin à l'histoire du plus grand reporter au monde.
Merci Hergé d'avoir écrit tintin
Un album qui ne devait pas être le dernier, Tintin et alpha art devait sortir malheureusement il ne sera jamais terminé. Pour info à la mort de Hergé il avait spécifié que personne ne devait reprendre les personnages à sa mort. Je trouve cela mieux Hergé c'était lui tintin.