C’est un de mes albums préférés, mais j’ai regardé le film, Et le film n’est pas du tout pareil que l’histoire de Hergé . bizarre
C’est Albums est l’un de mes albums préférés.
Réponse à Elbuchano :
Oui, on voit Sakharine tout à la fin du Trésor de Rackham Le Rouge. Il est dans la salle de marine et semble regarder un tableau, mais la figure de proue de la Licorne est dessinée juste à côté de lui. Elle est immense par rapport au collectionneur. On a un peu l'impression qu'il regarde la Licorne, du coup.
Cela signifie-t-il que Monsieur Sakharine se range du côté des descendants du chevalier de Hadoque ? Je pense au commentaire de Nicnol, qui a l'impression que Sakharine… voir la suite
Réponse à Elbuchano :
Oui, on voit Sakharine tout à la fin du Trésor de Rackham Le Rouge. Il est dans la salle de marine et semble regarder un tableau, mais la figure de proue de la Licorne est dessinée juste à côté de lui. Elle est immense par rapport au collectionneur. On a un peu l'impression qu'il regarde la Licorne, du coup.
Cela signifie-t-il que Monsieur Sakharine se range du côté des descendants du chevalier de Hadoque ? Je pense au commentaire de Nicnol, qui a l'impression que Sakharine a disparu de l'aventure.
Peut-être que l'exposition réunit tout le monde et légitime le Capitaine Haddock comme héritier de son ancêtre ? A. Filoselle, les Dupondt, Sakharine, Nestor, réconciliés dans la salle de marine aux côtés des Trois Frères Unys ?
Bonjour !
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Savez-vous combien peut coûter aujourd’hui l’édition carré vert de 1981 ?
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Cordialement
bonjour, j'ai l'édition de 1952, et je note que Le Sceptre d'Ottokar n'apparait pas dans la liste sur le dos de l'album, normal?
Le meilleur diptyque du corpus, avec sa suite dans « Le trésor de Rackham le Rouge ».
Il faut apprécier, par exemple, tout le parcours des trois parchemins dissimulés dans les grands mâts des maquettes de La Licorne par le Chevalier de Hadoque. Tour à tour en possession des frères Loiseau, d’Ivan Ivanovitch Sakharine, d’Aristide Filoselle, de Tintin, et enfin du capitaine Haddock.
Et puis aussi toute l’expédition organisée afin de retrouver le trésor dans l’épave de La Licorne, puis sur l’île… voir la suite
Le meilleur diptyque du corpus, avec sa suite dans « Le trésor de Rackham le Rouge ».
Il faut apprécier, par exemple, tout le parcours des trois parchemins dissimulés dans les grands mâts des maquettes de La Licorne par le Chevalier de Hadoque. Tour à tour en possession des frères Loiseau, d’Ivan Ivanovitch Sakharine, d’Aristide Filoselle, de Tintin, et enfin du capitaine Haddock.
Et puis aussi toute l’expédition organisée afin de retrouver le trésor dans l’épave de La Licorne, puis sur l’île où Hadoque trouva refuge, alors que ce trésor se trouvait à portée de main, dans la crypte du château de l’ancêtre d’Archibald Haddock, à Moulinsart.
Un scénario repris dans le film « Tintin et le mystère de La Toison d’Or », où le trésor de Thémistocle Paparanic est dissimulé dans le bastingage du navire.
Considérons (et admirons !) la manière exemplaire dont Hergé utilise (et maîtrise !) la langue française !!! Témoin, cette bribe de dialogue entre Tintin et Haddock (SDL, 27-I-1 et 2) :
"Pourquoi, croyez-vous, le chevalier a-t-il demandé à ses fils de déplacer le grand de chacun des trois bateaux ?
Comment le saurais-je, moi ? Sans doute était-ce un homme méticuleux qui tenait à ce que ses bateaux fussent parfaits ? ...
Mais dans ce cas, il aurait changé lui-même la position des… voir la suite
Considérons (et admirons !) la manière exemplaire dont Hergé utilise (et maîtrise !) la langue française !!! Témoin, cette bribe de dialogue entre Tintin et Haddock (SDL, 27-I-1 et 2) :
"Pourquoi, croyez-vous, le chevalier a-t-il demandé à ses fils de déplacer le grand de chacun des trois bateaux ?
Comment le saurais-je, moi ? Sans doute était-ce un homme méticuleux qui tenait à ce que ses bateaux fussent parfaits ? ...
Mais dans ce cas, il aurait changé lui-même la position des mâts. Pourquoi aurait-il demandé à ses fils de le faire ?"
Que voilà une fluidité d'expression dans le dialogue en le respect des inversions du sujet et de la concordance des temps ! J'ai pourtant souvenance qu'on nous assurait, à l'école primaire, qu'il ne fallait pas lire "Tintin" ... parce que prétendument si mal écrit ... !!! Et cependant, en l'occurrence, point de ces AFFREUX ... HORRIBLISSIMES ... "EST-CE QUE", désormais employés à tout va et à tout moment dans une phrase interrogative ... Point de ces fautes grammaticales, relevant TRÈS SOUVENT de l'IGNORANCE CRASSE, relativement à la relation entre verbes de la proposition principale et de la subordonnée ... !!!
"Sans doute était-ce un homme méticuleux qui tenait à ce que ses bateaux fussent parfaits ?"
En l'occurrence, dans la mesure où le verbe de la proposition principale est conjugué à l'imparfait de l'indicatif ... qu'en outre, il est hypothétique ("sans doute était-ce" - remarquons l'heureuse absence du fameux "est-ce que" ! -), celui de la subordonnée DOIT se conjuguer au subjonctif imparfait (et non, comme on le ferait assurément à présent, au subjonctif présent) !!!
Dialogue littéraire dira-t-on (ou, bien plus grossièrement : "on n'en a rien à foutre !") ... Soit ... Ne nous étonnons dès lors pas que, de plus en plus, une part de plus en plus importante de notre Culture s'en va à vau-l'eau ; que, de plus en plus, le CRÉTINISME (sciemment organisé !) règne en Maître !!! A ce point même que les livres pour enfants (tels les célèbres romans d'Enid Blyton) subissent une "réécriture" en la suppression du passé simple voire même de l'imparfait ... !!! Quant au subjonctif ... "Ignorantus, ignoranta, ignorantum" ... comme le clame "Toinette" dans "Le Malade imaginaire" de Molière !!! Et voilà comment on prépare le FUTUR !!!
Terminons par cet hommage de Benoît Peters à Hergé : la ligne claire "est au moins autant un art du récit et de la mise en scène qu'une affaire de dessin" ("Lire Tintin", p. 191) ...
Très intéressante histoire !!!
Sais pas comme le film :(
Un des premiers TINTIN que j'ai lu !!! :)
C'est là que j'ai bien aimé Tintin !!!
Bien cordialement,
Paul2005.
Il est certain que Hergé n'ait pas apporté de précisions quant au maintien de la décision des Dupondt d'arrêter Mr Filoselle. Il est possible que ce dernier se soit vu accorder des circonstances atténuantes vu que les policiers aient pu retrouver leurs portefeuilles et celui de Maxime Loiseau.
J'ai été heureux de découvrir dans cet album que Tintin avait pris le tram (il en parle lui-même). Par cela même il trahit sa belgitude ou même sa bruxellitude.
@jacquesherve : les Dupondt, ces "admirables spécimens d'abrutis" (Paul Vandromme) n'en font jamais d'autres !!! Ayant inlassablement pourchassé Tintin en ne se fiant qu'aux "apparences" (même si, à l'occasion, ils déplorent de devoir "arrêter un ami" - LB, 45-I-4 -), on peut dire que l'explosion de la machine infernale dans "Le Sceptre d'Ottokar" (SO, 11-IV-4 et 12-I-2) les a définitivement convaincus que le jeune homme était décidément ...… voir la suite
@jacquesherve : les Dupondt, ces "admirables spécimens d'abrutis" (Paul Vandromme) n'en font jamais d'autres !!! Ayant inlassablement pourchassé Tintin en ne se fiant qu'aux "apparences" (même si, à l'occasion, ils déplorent de devoir "arrêter un ami" - LB, 45-I-4 -), on peut dire que l'explosion de la machine infernale dans "Le Sceptre d'Ottokar" (SO, 11-IV-4 et 12-I-2) les a définitivement convaincus que le jeune homme était décidément ... "innocent" ... Peu auparavant, cependant, ayant trouvé l'agent secret de la police syldave Kaviarovitch évanoui dans l'appartement du héros (une fois de plus, les "apparences" étaient contre lui - SO, 9-I-1 et 2 -), ils lui faisaient encore leurs "gros yeux", le trouvant à nouveau ... "suspect" : "Et que signifient ces traces de lutte ? ..." (SO, 9-II-3) ... Ils n'y reviendront plus !!!
Dès lors, attendu qu'en service "ils ne connaissent pas d'amis" (SDL, 28-III-3), il leur faut un nouveau bouc émissaire à leur "soupçonnite" aiguë et, en parfaite coordination gémellaire, un nouveau "sujet" d'expérience à leur singulière méthode d'accuser ... "à tout hasard" (SDL, 29-II-2) ...
D'où, ce singulier "syllogisme" (SDL, 28-IV-1, 2, 3) :
la "Majeure" : "Pour commencer, voilà la victime ... Je dirais même plus : voilà la victime" ;
la "mineure" : "Or, s'il y a une victime, il est clair qu'il y a un coupable ! ... Bien raisonné ! Le tout est de le découvrir. Et, à mon avis, il ne peut pas être loin. Je dirais même plus : il n'est pas loin ..."
la ... "Synthèse" : "Car le coupable, le voici ! ..." soit ... le capitaine Haddock qu'ils désignent d'un doigt accusateur !!!
Archibald, à la différence de Tintin (qui, maintes fois, aura répondu à leurs accusations par d'habiles fuites, en souple félin et rusé renard qu'il est), réagira à la manière truculente qui lui est propre (et qui nous enchante tant !) : une bordée d'injures (quatorze au total) qu'accompagne la voie de fait (les cannes leur volent à la tête) !!!
Nous retrouverons plus tard pareille "méthode" ... cette fois aux dépens d'Irma ... avec la même conséquence (BLC, 45-II-2 et 46-I-2) ... Dans "Le Colloque de Moulinsart", elle est ainsi (ironiquement) décryptée ;
"Une de leurs techniques les plus éprouvées consiste à accuser d'autorité l'une ou l'autre personne impliquée dans l'affaire en cours. Si elle se trouble, semble désarçonnée, c'est qu'elle n'a pas la conscience tranquille et fait ainsi la preuve de sa culpabilité. Un de leurs amis, capitaine au long cours, interrogé à propos de l'agression d'un paisible collectionneur de bateaux miniatures, et la camériste de la célèbre Bianca Castafiore, dans une affaire de vol de bijoux, eurent ainsi tous deux à subir cette épreuve avant d'être innocentés." (p. 43).
Soit, la description "non des Dupondt mais le point de vue des Dupondt sur les Dupondt. Et ce faisant, il (le texte) nous éclaire sur la clef de leur bêtise : ils ne savent pas qu'ils sont bêtes" (Ibid p. 45) !!!
Concluons en signalant que la SEULE réussite professionnelle à leur actif (la découverte d'un coupable, en l'occurrence, l'auteur du vol des portefeuilles), ils la doivent à Tintin, celui-ci attirant leur attention sur les chiffres brodés sur la redingote perdue par Aristide Filoselle (SDL, 34-III-3) ... On ne sait cependant si ce dernier aura été finalement arrêté ... Très probablement pas (ou alors si peu) puisqu'on le voit (sans sa barbiche !), à la fin de "Le Trésor de Rackham le Rouge", visiter la "Salle de Marine" à Moulinsart (TRR, 62-I) ...
On notera dans l'album un passage où les policiers Dupondt veulent arrêter le capitaine Haddock en l'accusant d'avoir agressé Mr Sakharine. Et pourtant, nos deux policiers connaissent de vue le Capitaine dans le Crabe aux pinces d'or voire de nom dans l'étoile mystérieuse.
Hormis l’extraordinaire "geste" spatio-temporelle, en onze trop courtes pages, des exploits du chevalier à l’extrême fin du XVIIème siècle, si intensément RE"vécu" (!) par Haddock, au XXème sous la figure d'une hypotypose, et déterminant le scénario de l’intrigue, "Le Secret de la Licorne" est, comme déjà "L’Oreille cassée", un album terriblement "terre-à-terre". Débutant par un marchandage entre Tintin et le brocanteur (SDL, p. 3) du marché aux… voir la suite
Hormis l’extraordinaire "geste" spatio-temporelle, en onze trop courtes pages, des exploits du chevalier à l’extrême fin du XVIIème siècle, si intensément RE"vécu" (!) par Haddock, au XXème sous la figure d'une hypotypose, et déterminant le scénario de l’intrigue, "Le Secret de la Licorne" est, comme déjà "L’Oreille cassée", un album terriblement "terre-à-terre". Débutant par un marchandage entre Tintin et le brocanteur (SDL, p. 3) du marché aux puces , cadeau à l’intention du capitaine ou pas, JAMAIS jusqu’alors on n’avait vu Tintin réaliser une opération d’espèce commerciale ("Vous voyez ? Ici, il faut toujours marchander" lui glisse Dupont en 2-I-1) …
Outre plus, "Le Secret de la Licorne" est obsessionnellement "parasité" par le VOL … ce que pourrait "annoncer" symboliquement la démangeaison … canine de Milou (significativement, on le voit se gratter - c’est la seule fois de TOUS les albums (!) - ce, à quatre reprises - SDL, 1-II-4, 1-III-2, 1-IV-2 et 3-I-4 -), associant le lieu (à l’origine ces marchés ne proposaient que des rebuts récupérés dans les ordures par les chiffonniers) et le climat de parasitage propre à l'album :
1° multiplication des vols à la tire par une pseudo "bande bien organisée" (SDL, 1-I-1) qui se révèlera au final ne se réduire qu'à un seul personnage, Aristide Filoselle, fonctionnaire retraité et cleptomane névrotique ;
2° les Dupondt, à qui viennent d’être volés leurs portefeuilles (on aperçoit, encore inconnu, Filoselle, figurant plus que discrètement à l’extrême droite de la vignette 1-II-2, ayant assurément procédé "à l’instant" même au "délestage"), soupçonnés de vol (du fait d'une énième maladresse, cette fois involontaire de leur part) et emmenés "au poste" en piteux état (SDL, 2-IV et 3-I) ;
3° vol, chez Tintin, de la maquette de LA LICORNE acquise chez le brocanteur (SDL, 6-IV-3) et que suit un cambriolage (SDL, p. 7) : on apprendra que ces actes ont été commis par Barnabé, "l'homme du Vieux marché", rabatteur des frères Loiseau, antiquaires, propriétaires de la première maquette de LA LICORNE, vite au fait de la réalité de l'enjeu d'un trésor ;
4° vol assorti d’une agression chez Ivan Ivanovitch Sakharine (SDL, p. 25 et 26), collectionneur de son état, détenant une autre maquette de LA LICORNE ;
5° scène de tentative de vol par le pickpocket et dont les Dupondt font (une fois de plus !) les frais (SDL, p. 32 et 33) ;
6° enlèvement de Tintin (SDL, p. 35) que suit un second vol opéré chez lui (SDL, 37-III-3) ;
7° acquisition par Tintin des deux parchemins dérobés par Maxime Loiseau chez … un voleur (Aristide Filoselle, enfin découvert) - SDL, 59-IV-4 -. De cette acquisition, Hergé se garde bien de la présenter en tant que ce qu’elle est en réalité : un VOL "qu’excuse" le fait que Maxime Loiseau et son frère sont eux-mêmes convaincus de vols, d'agressions, d'enlèvement, de séquestration, de voies de fait, tentatives d’assassinat (sur leur complice Barnabé - SDL, 31-II-2 -) et de meurtre sur la personne de Tintin … tandis qu’Aristide Filoselle ("propriétaire"-kleptomane dudit portefeuille et Sakharine, possesseur du second parchemin, mis hors jeu (et d’ailleurs non initiés de ce qui est en cause), disparaissent du scénario ;
8° n’omettons SURTOUT PAS, dans le cadre du récit des "Mémoires" du chevalier, le VOL opéré par Rackham le Rouge et ses flibustiers, du "butin" fait "lors de l’attaque d’un vaisseau espagnol" (SDL, 21-IV-1) qu’aggrave autant que possible la prise de LA LICORNE et le massacre de son équipage …
Ce "butin" sera ensuite doublement escamoté par le chevalier :
a) au moment où, ayant légitimement tué Rackham le Rouge, il quitte "La Licorne" … La nuit qui l’enveloppe ne permet pas de le prendre "sur le fait" (SDL, 26-I, II et III) … ce dont les Mémoires, très significativement, ne feront pas état ...
b) à son retour en Europe, François de Hadoque se gardera bien de remettre la substance dudit "butin" au roi de France, en violation des lois de la guerre et du Code d'honneur et d'obéissance que chaque sujet (en l'occurrence, chaque vassal), devait à son souverain et ... qu'il s'en est bien gardé !!!
9° n'omettons pas non plus un fait auquel on ne pense assurément jamais : la PREMIERE origine du fameux "butin" arraché au vaisseau espagnol, provenant dès lors du travail d'esclave auquel les Conquistadors ont réduit les Amérindiens puis les esclaves noirs du commerce "triangulaire". Décidément, ce "trésor" ruisselle de SANG humain !!!
Dès lors, il "CONVIENT" que les frères Loiseau soient présentés comme reprenant, au XXème siècle, le rôle criminel de Rackham le Rouge au XVIIème, lors que Tintin et Haddock, assumant la dimension de "justicier" du chevalier de Hadoque en la poursuite et l’arrestation des deux frères, sont de la sorte réputés être "dignes" d’hériter du trésor du pirate dont la double origine ignoble et la double origine sanglante (par delà le martyre des esclaves dans les colonies latino-américaines et le massacre du vaisseau espagnol, le duel sans merci entre Rackham et le chevalier et l'extermination de l’équipage de forbans par le sabordage de LA LICORNE) sont soigneusement masquées en l’insistance (elle aussi double) mise en œuvre pour dénoncer la cruauté du pirate et le rôle multi criminel de ses "substituts" du XXème siècle !!! Préservation de la "dignité" des deux héros d’autant plus urgente que, s’agissant de la quête dudit trésor, JAMAIS non plus on n’aura "vu" ni "entendu" Tintin manifester une telle avidité : le CRI : "le trésor de Rackham le Rouge est à nous" retentit pas moins de quatre fois (SDL, 26-IV-3 – 59-IV-3 – 60-II-2 – 62-II-2) et précédé par la certitude d’être sur sa piste (SDL, 12-II-2) : sa "qualité" de victime directe des frères Loiseau sert à le "racheter" !!!
D’où, la NECESSITE morale voire quasi "rédemptrice" de l’odyssée dans la mer des Antilles, occupant pas moins des deux tiers de l’album "Le Trésor de Rackham le Rouge" (TRR, p. 13 à 55) … et de son apparent échec !!! Forme "d'expiation" d'espèce "religieuse" !!! D’où, aussi, la NECESSITE de la création du personnage de Tournesol, en ce qu’elle autorise au XXème siècle la constitution d’un inattendu trio de "trois frères unys" (la "condition" préalablement émise par le chevalier est dès lors réalisée … deux siècles et demi plus tard !) autant qu’elle permet, de par l’innocence et la générosité dont fera preuve, en fin d’album, le "troisième frère", offrant l’argent nécessaire à l’acquisition de Moulinsart (argent honnêtement gagné celui-là puisque résultant de l'acquisition, par "le gouvernement", du "brevet" du "petit submersible" - TRR, 59-I-2 -), de "racheter" en quelque sorte l’avidité et "l’honnêteté" en porte-à-faux des deux premiers …
"Le jeu de mot ("c’est de la lumière que viendra la lumière.") constitue une invitation implicite à être fidèle à un ordre politique défini en termes de nature, comme était la royauté d’Ancien Régime. Bon courtisan mais aussi homme de mérite, le chevalier a reçu le château en donation ... Il convie dès lors ses héritiers à demeurer "unys" et à bien servir le Roy après lui : "le Soleil de midi" (remarquons le "S" majuscule !). Les diamants sont le… voir la suite
"Le jeu de mot ("c’est de la lumière que viendra la lumière.") constitue une invitation implicite à être fidèle à un ordre politique défini en termes de nature, comme était la royauté d’Ancien Régime. Bon courtisan mais aussi homme de mérite, le chevalier a reçu le château en donation ... Il convie dès lors ses héritiers à demeurer "unys" et à bien servir le Roy après lui : "le Soleil de midi" (remarquons le "S" majuscule !). Les diamants sont le signe d’une richesse spirituelle autant que matérielle et c’est pourquoi ils ne peuvent être échangé comme une simple marchandise : ils forment le relais visible d’un savoir caché que se transmettent, de génération en génération, les individus initiés. Les fils du chevalier n’accéderont à ce stade supérieur de la sagesse et de la fortune que s’ils comprennent, intériorisent et suivent l’exemple du Père. Comme dans le cas du fétiche arumbaya, l’objet précieux est l’enveloppe d’un héritage spirituel auquel il faut parvenir." (Jean-Marie Apostolidès - Les Métamorphoses de Tintin).
Sont-ce les relations, qu’en dépit de l’Occupation, Hergé continuait à entretenir avec le magazine hebdomadaire catholique français "Cœurs Vaillants" qui lui ont dicté au sein de l’album "Le Secret de la Licorne" cette allégorie exaltant la royauté en sa plus solaire incarnation, Louis XIV, le "Roi Soleil", et en sa forme politique la plus accomplie, la monarchie de "droit divin" ? Exaltation offrant un saisissant contraste avec cette France devenue républicaine par un meurtre fondateur (celui de Louis XVI), qui, depuis, enregistrait calamités sur calamités et venait de subir en 1940 le désastre militaire le plus catastrophique de son Histoire …
Faut-il considérer cette allégorie, mais cette fois de manière métaphoriquement allusive, en tant que manifestation de son soutien à la personne du roi des Belges, Léopold III, assurément nostalgique de cet "Ancien Régime" (comme l’étaient déjà son père, Albert Ier et son oncle, Léopold II), en rupture avec les membres du gouvernement Pierlot (lesquels n’ayant rien eu de plus pressé que de se réfugier à Londres, reviendront "dans les fourgons" des "libérateurs" ramasser des lambeaux de la victoire alliée) mais ayant cependant renoncé à révoquer ledit gouvernement comme il en avait constitutionnellement le droit ... ? De ce Léopold III qui, pour avoir décidé de la reddition de l’armée belge après la défaite de la campagne dite "des 18 jours" (au cours de laquelle l’armée belge a été abandonnée à son sort par l’Angleterre ... pressée de rembarquer à Dunkerque !), appelé le pays à "reprendre le travail", entendu partager les épreuves de son peuple en se constituant prisonnier de l’occupant allemand (son prestige est alors immense auprès de la population et il apparaît comme "le roc dans la tempête" !) et s'être rendu à la convocation de Hitler, le 19 novembre 1940, fera dès lors figure de "Pétain" belge (ce qui, historiquement, est d'une injustice criante !) et continue, par-delà la mort, d'être traité pour la cause comme un paria …
Dès lors, ne conviendrait-il pas de considérer que, par le biais de ces onze pages d'audacieuse digression spatio temporelle exaltant, à travers l'héroïsme du chevalier de Hadoque, serviteur de Louis XIV, une monarchie française alors à l'apogée de sa puissance, "Le Secret de la Licorne" témoignerait, de la part de son auteur, outre la nostalgie d’un royalisme historique devenu désormais impossible, d'une secrète prise de position politique dans un présent - nous sommes en 1942 ! - plein d'incertitudes … ?
"Pendant la guerre, les artistes vont s'évader dans leurs oeuvres et la contrainte fera naître dans bien des domaines des chefs d'oeuvre" (commentaire du documentaire réalisé en 1976 et intitulé "Moi, Tintin" de Henri Roanne et Marcel Carné).
A la SEULE exception de "L'Etoile mystérieuse", album où s’expose et se développe une savante allégorie politique (qui vaudra à l'auteur de durables accusations d'antisémitisme voire même de "sympathies… voir la suite
"Pendant la guerre, les artistes vont s'évader dans leurs oeuvres et la contrainte fera naître dans bien des domaines des chefs d'oeuvre" (commentaire du documentaire réalisé en 1976 et intitulé "Moi, Tintin" de Henri Roanne et Marcel Carné).
A la SEULE exception de "L'Etoile mystérieuse", album où s’expose et se développe une savante allégorie politique (qui vaudra à l'auteur de durables accusations d'antisémitisme voire même de "sympathies collaborationnistes" mais dont, de nos jours, on est à même de mesurer toute la pertinence), l'imaginaire d'Hergé (et donc son oeuvre) se réfugie dans l'aventure exotique mais aussi dans le rêve ... Le prétexte et le moyen ? L'approfondissement du personnage du capitaine Haddock, créé dans le premier album de ce "cycle de la guerre", "Le crabe aux pinces d'or", et appelé à se hisser rapidement au premier plan de la saga tintinienne ... fût-ce en faisant progressivement de l'ombre à Milou (Hergé avouera avoir été surpris de l'importance prise par cet être, à l'origine, authentique épave, esclave de son alcoolisme) ... De Tintin, on ne connaît la moindre attache familiale pas plus qu'on ne disposera jamais du moindre indice relativement à ses origines ... En tant que marin, c'est-à-dire exerçant un métier ouvrant sur les espaces océaniques (soit une métaphore de l'Infini en même temps que du rêve et de l'imaginaire), le personnage du capitaine Haddock représente un terrain de choix !!!
Dès lors, Hergé va accorder au capitaine Haddock une temporalité, une "histoire" qu'il ne lui est plus possible (qu'il ne lui a jamais été possible, en fait) de conférer à Tintin (d'où, cette absence d'attache féminine que "féministes", psychologues, psychanalystes et sexologues de tout bord et de tout poil, accusant l'auteur de misogynie, lui ont tant reproché ... lors que d'autres s'imaginent y "voir" la "preuve" de l'"homosexualité" du héros et partant, celle de Hergé) !!! Comment ... ? En lui faisant découvrir un ancêtre "fort en gueule" comme lui, à ce point homme de commandement et de courage au combat qu’il puisse se revendiquer de sa bravoure et de son prestige et ... s'identifier à lui en une scène homérique de dédoublement de la personnalité composée de manière GENIALE par Hergé sous la forme d'une hypotypose (figure de style consistant en une description réaliste, animée et frappante de la scène dont on veut donner une représentation imagée et comme vécue à l'instant de son expression) !!!
Précédée, en guise de prologue, par l'allusion à cette "bande bien organisée d'audacieux pick-pockets" (SDL, 1-I-1) qui se révélera devoir se réduire AU SEUL Aristide Filoselle, fonctionnaire retraité, vieux maniaque affligé d'une névrose obsessionnelle - la cleptomanie - et qui participe à la partie humoristique de l'album, l'aventure commence par un marchandage entre Tintin et le brocanteur du "Vieux marché" (à part l'achat du canot de l'indien Caraco dans "L'Oreille cassée" et - plus discrètement ! - celui du marin écossais dans "L'Île Noire", c'est la seule fois où on voit Tintin parler "argent", lui qu'on a vu refuser des paquets de dollars à Chicago ou au San Théodoros !). L'acquisition - la maquette d'un vaisseau trois mâts qu'il compte offrir au capitaine - va "ouvrir" subitement et de manière inattendue une dimension spatio-temporelle d'espèce supérieure, "suspension" relevant de la catégorie du roman épique dans une histoire terriblement "terre-à-terre" à son début et qui le demeurera par la suite en l'affrontement d'espèce manichéen entre le "clan du Bien" - Tintin et Haddock - et le "clan du Mal" - les frères Loiseau -.
C'est que, en même temps que Tintin, le lecteur apprend à la fois que cette maquette est une reproduction de "La Licorne", fier vaisseau de la flotte de Louis XIV dont le nom associe cet animal fabuleux, emblématique, à la quintessence royale du Grand Roi, et qu'il fut commandé, en l'an 1698, par le chevalier "François de Hadoque", ancêtre du capitaine Haddock, à la personnalité que l’on devine formidable à la vue du tableau que ce dernier présente à Tintin ... Par le récit homérique du capitaine chez qui les prouesses de l'ancêtre suscitent une telle exaltation qu'elles déclenchent trois scènes d'hystérie hallucinatoire (SDL, p. 13 et 14 - 20 et 21 - 25), le lecteur opère un bond formidable dans le Temps et l'Espace synthétisé en la couverture de l'album et dont le "film" (on ne s'en lasse pas à chacune des lectures !!!) va occuper pas moins de ONZE pages (SDL, p. 15 à 26) !!! Chef d'oeuvre scénaristique en ce qu’Hergé suscite chez Haddock un véritable dédoublement de la personnalité, une hyperressemblance, une auto-assimilation par delà l'espace temporel de quelques 250 années ...
"La lecture des Mémoires provoque chez le capitaine une crise d'identité. Il doit, plus que les autres, être digne du chevalier dont il a besoin comme alibi. Lorsqu'il raconte à Tintin la geste de l'ancêtre, il entre dans une sorte de transe, une furor que connaissent certains initiés au moment de franchir un échelon dans la hiérarchie du sacré. Au cours du récit, qu'il décrit sous la figure de l'hypotypose (les événements passés étant vécus comme s'ils étaient présents), Haddock devient le chevalier ; il lui prête sa voix, son corps ; il le nourrit de sa fureur ; il réaccomplit tous les gestes, particulièrement le meurtre de Rackham le Rouge, acte sanglant et fondateur de la dynastie familiale. Lorsque François guerroie contre les pirates, Archibald, affublé du même chapeau à plumes, se bat contre leur ombre. Lorsque François est fait prisonnier, Archibald revit dans son corps toutes ses souffrances, dont la soif n'est pas la moindre. Il ne mime pas la vie de l'ancêtre d'une façon extérieure, comme un acteur interprétant un rôle, il s'imprègne de son "mana" afin que sa propre personnalité s'en trouve transformée. Il s'agit d'une sorte d'alchimie mystérieuse, qui ne se réalise plus sur des métaux mais sur des hommes" (Jean-Marie Apostolidès).
Surprenant que les interphones ne jouent plus un rôle depuis que nos amis ont pris possession du château de Moulinsart.