Coke en stock
Coke en stock met en lumière les pratiques scandaleuses des esclavagistes des temps modernes. L'incrédulité du capitaine Haddock n'y changera rien. Le trafic d'êtres humains, cela existait encore au vingtième siècle. Au vingt-et-unième aussi, hélas. Comme pour bien d'autres questions graves, Hergé fut sensible à cette dramatique actualité et la transposa dans une fiction pleine de rebondissements.
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Une histoire de couverture
Le lecteur devient ici une sorte de voyeur, spectateur privilégié d'une scène aux accents dramatiques, auquel le dessinateur nous convie. La mouvance des eaux vertes et blanches contraste fortement avec le statisme de cette grande surface noire qui constitue le fond de l'illustration. Les lettres blanches du titre accentuent encore cette dramatisation suggérée par l'auteur. Une couverture d'album qui ne passe pas inaperçue, une réussite dans le genre.
La fin déjà
Dans la littérature classique, un récit qui commence par la fin, ce n'est pas courant ; dans une bande dessinée classique, une histoire qui débute par le mot FIN, ce n'est pas habituel non plus. C'est pourtant de cette manière qu'Hergé entame l'épisode de Coke en stock.
Au cœur de l'action
L'illustration de la page de titre est judicieuse, elle nous plonge instantanément au coeur de l'action, et le lecteur l'aura compris, une action aux accents dramatiques. Le décodage est simple : le cargo Ramona est la cible. Jumelles et périscope vont nous en faire voir de toutes les couleurs, le combat naval n'est pas loin, les torpilles non plus. Ce cadrage très particulier, avant-plan noir et découpes en cercles, ne nous annonce rien de bon.
Déjà la couverture de l'album en disait long sur la gravité de certaines situations. Fort heureusement, comme toujours avec Tintin, tout finira bien...
Le Général Alcazar
En sortant d’un cinéma en compagnie de Tintin, le capitaine Haddock bouscule une vieille connaissance, le général Alcazar. Le choc lui fait perdre son portefeuille. Dans ce dernier, des photographies d’avions de chasse...
Désireux de restituer le tout à son propriétaire, nos amis constatent qu'il a menti sur son lieu de résidence. Ils apprennent également qu'il voyage pour acheter des avions pour renverser son rival, le général Tapioca. Cette rencontre inopinée à l'angle de l'avenue de la Toison d'Or (Bruxelles), vaut aux lecteurs l'unique croquis, d'assez bonne facture, jamais réalisé par Tintin.
Record de recyclage
Coke en stock détient un record : celui de l'album qui reprend le plus grand nombre de personnages secondaires apparus dans des aventures précédentes : le général Alcazar (et son rival), Abdallah, Mohammed Ben Kalish Ezab (et son rival), le docteur Müller, Oliveira da Figueira, Rastapopoulos, Séraphin Lampion et la Castafiore, Allan Thompson, Nestor, Dawson...
© Hergé / Tintinimaginatio - 2023
Piotr Szut, le petit nouveau
Pilote estonien, mercenaire au bandeau sur l’œil, le gaillard n’a rien d'antipathique. Hergé le fera d’ailleurs réapparaître dans Vol 714 pour Sydney. Il suscitera chez le capitaine Haddock la création d'un nouveau “juron” : « Espèce de mitrailleur à bavette ! »
Petit cachottier
Dans un café situé non loin du supposé hôtel d'Alcazar, Tintin commande deux eaux minérales. Les médecins vous le diront, il est conseillé d'en boire, car ses sels contiennent des éléments bénéfiques pour la santé. Mais le capitaine Haddock désirait manifestement un autre type de boisson et comme il n'a pas eu voix au chapitre, il se rattrape en l'absence de Tintin, parti donner un coup de téléphone.
Si ce dernier est aussi attentif que le lecteur, il aura remarqué qu'à son retour, un verre supplémentaire est venu s'ajouter aux deux autres. Il ne semble pas contenir de l'eau...
Une pierre providentielle
Le guépard a beau être ultrarapide à la course, féroce et d'une incroyable souplesse, il ne fait pas... le poids face à une grosse pierre projetée violemment sur son crâne. Mais pour l'imposant félin, pas de doute, c'est Milou le plus fort.
Incapable de dissocier le rôle de l'un et de l'autre, il attribue ce très douloureux incident à l'action du fox-terrier. S'il savait ! Mais c'est trop tard, l'animal est intimement convaincu de la suprématie du brave toutou !
Au-dessus - en-dessus
Lorsqu’Allan pose la fameuse question au capitaine Haddock, à savoir de dormir avec la barbe au-dessus ou en-dessous des couvertures, il est tout à fait conscient du trouble qu’il va provoquer chez son interlocuteur.
Sous la brute épaisse se cache finalement un fin psychologue, capable de déstabiliser son adversaire avec de simples paroles, mais quelles paroles !
Interrogations en cascade
Un requin qui avale une mine, cela ne passe pas inaperçu. D’autant plus quand elle explose. Un phylactère rouge vif en témoigne, le bruit semble assourdissant, et la bulle occupe dès lors presque toute la surface disponible dans la partie supérieure de la case. Autour d’elle, un éventail de points d'interrogation
© Hergé / Tintinimaginatio - 2023
On devine leur origine : un hydravion de la US Navy, le croiseur Los Angeles, le cargo Ramona et le sous-marin du marquis di Gorgonzola, alias Roberto Rastapopoulos. Pratiquement les quatre points cardinaux en signes de ponctuation, il fallait le faire. Hergé l'a fait !
Docteur Bombard
Dans les années cinquante, de nombreux quotidiens et magazines consacraient de longs articles aux prouesses et aux découvertes de scientifiques et d'explorateurs en mission dans toutes les parties du monde. A l'instar des Paul-Émile Victor, Jacques-Yves Cousteau, Haroun Tazieff, le nom du docteur Alain Bombard retint l'attention d'Hergé. Le scientifique et l'artiste sympathisèrent et échangèrent des courriers. Au final, Alain Bombard eut droit à la page 36 de Coke en stock à une case au format étonnant, qui se référait directement à son fameux régime de survie.
Extrait du dessin animé
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