Excellente aventure la plus exotique de toutes à mon goût
Les aventures de Tintin constituent une invitation au voyage. Dans le sens géographique du terme bien sûr ; mais aussi dans le sens imagé, celui du voyage que notre imagination enfante. Et le diptyque formé par Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge en est une parfaite illustration. Ainsi associés, ces deux types de voyages nous ouvrent les portes du rêve, le rêve de l'enfance, avec ses trésors, ses bons et ses méchants, et avec au bout de la lecture et de l'aventure, le… voir la suite
Les aventures de Tintin constituent une invitation au voyage. Dans le sens géographique du terme bien sûr ; mais aussi dans le sens imagé, celui du voyage que notre imagination enfante. Et le diptyque formé par Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge en est une parfaite illustration. Ainsi associés, ces deux types de voyages nous ouvrent les portes du rêve, le rêve de l'enfance, avec ses trésors, ses bons et ses méchants, et avec au bout de la lecture et de l'aventure, le triomphe de la vertu. Et autant que cette aventure explore jusqu'aux fonds marins, elle explore aussi bien des facettes de l'âme humaine, non sans rappeler par maints aspects l'univers d'un autre grand conteur : Jules Verne. Amitié, courage, générosité, pugnacité, mais également avidité, fourberie, combat sans merci en tissent la trame. Sans jamais oublier l'indispensable parcelle d'humour, qui parvient à dédramatiser les situations. N'est-ce pas ici la plus belle signature de Georges Remi, alias Hergé ?
Super article, Bravo ! :)
Très bons doubles albums " Le secret de la Licorne " et " Le trésor de Rackham le Rouge " avec de bons décors et un très bon scénario, qui marque aussi le début de Moulinsart ce lieu emblématique qui en aura fait rêvé plus d'un.
Merci Hergé
"Trois frères unys. Trois Licornes vogant au Soleil de midi parleron" … Soit, les trois fils du chevalier, invités à l’UNITE pour mettre en commun la découverte, chacun pour leur part, à partir des modèles de "Licorne" construit et gréé par lui" (SDL, 26-IV-2) d’un exemplaire de cet authentique Testament que représentent les trois parchemins, conditionnanat celle du trésor … Pour une raison inconnue, les trois frères ne sont pas demeurés … "unys" … d’où la… voir la suite
"Trois frères unys. Trois Licornes vogant au Soleil de midi parleron" … Soit, les trois fils du chevalier, invités à l’UNITE pour mettre en commun la découverte, chacun pour leur part, à partir des modèles de "Licorne" construit et gréé par lui" (SDL, 26-IV-2) d’un exemplaire de cet authentique Testament que représentent les trois parchemins, conditionnanat celle du trésor … Pour une raison inconnue, les trois frères ne sont pas demeurés … "unys" … d’où la déchéance des "Hadoque" (*) … qu’exprime, en son alcoolisme avancé, le capitaine Haddock, très probable dernier descendant, brute avilie, voué à une très probable fin misérable s’il n’avait été sauvé par Tintin, devenu son « frère » … Mais il manque un troisième "frère" pour que se réalise la … « prophétie » du chevalier en la réunion de … "Trois frères unys" …
J’ai parlé de « déchéance » des "Hadoque", commencée possiblement du vivant même du chevalier … Considérons la date de l’acte de donation de Moulinsart par Louis XIV, "avec toutes ses appartenances et deppendances", au "cher et aimé François, chevalier de Hadoque", le 15 juillet 1684 …
Cette date, autorise d’estimer la situation de ce domaine en Belgique actuelle, dans les territoires annexés par Louis XIV aux traités d’Aix-la-Chapelle (1658) et de Nimègue (1678), celles acquises au cours des « réunions » (1679-84), presque toutes annulées au traité de Ryswick (1697) concernant l’Alsace, la Lorraine et la Franche Comté … Quelle que soit l’inversion opérée par Hergé d’un village près de Braine l’Alleud -, il est IMPOSSIBLE, historiquement parlant, de se permettre d’envisager Moulinsart dans le Brabant wallon actuel - qui n’a JAMAIS été annexé sous le règne du Roi Soleil - mais bien plus certainement dans l’ancien comté de Hainaut, en une zone située entre Maubeuge et Saint-Vaas-la Vallée (demeurés français) et Dour, Colfontaine ou Frameries (en Belgique). J’en veux pour possible « indice » le fait que la très meurtrière bataille du 11 septembre 1709 se soit déroulée dans la trouée de Maplaquet (actuel département du Nord), les Français de Villars s’étant concentrés entre les bois de SART et de JANSART face aux Anglo-Hollandais et aux Impériaux des généraux alliés Marlborough et Eugène de Savoie, ayant établit leur quartier général à quelques kilomètres, à SART-LA-BRUYERE, en Wallonie actuelle … Dénominations analogiques avec « Moulinsart » que renforce le fait qu’il est attesté que Sart-la-Bruyère possédait un château, reconstruit aux XVIIIe et XIXe siècles, circonstance qui a pu inspirer géopolitiquement Hergé qui, dans l’album suivant - "Les 7 Boules de cristal" - nous montre Tournesol à la recherche d’un tombeau mérovingien, de ces Francs saliens établis dans les régions de Cambrai et de Tournai …
(SUITE) Par delà les restitutions consenties au traité de Ryswick (1697), il est possible que Moulinsart soit alors repassé sous tutelle espagnole avant que de devenir autrichien, comme du reste tous les « Pays-bas espagnols », au traité d'Utrecht de 1713 mettant fin à la guerre de Succession d’Espagne … Le chevalier de Hadoque serait dès lors possiblement devenu vassal du roi d’Espagne (un vassal absent entre 1698 et 1700 ainsi qu’en font foi ses "Mémoires" - SDL, 26-IV-1 -),… voir la suite
(SUITE) Par delà les restitutions consenties au traité de Ryswick (1697), il est possible que Moulinsart soit alors repassé sous tutelle espagnole avant que de devenir autrichien, comme du reste tous les « Pays-bas espagnols », au traité d'Utrecht de 1713 mettant fin à la guerre de Succession d’Espagne … Le chevalier de Hadoque serait dès lors possiblement devenu vassal du roi d’Espagne (un vassal absent entre 1698 et 1700 ainsi qu’en font foi ses "Mémoires" - SDL, 26-IV-1 -), c’est-à-dire au cours des années décisives du changement dynastique, de Charles II, dernier souverain Habsbourg, à Philippe V, petit-fils de Louis XIV puis, à partir de 1713, celui de l’empereur Charles VI de Habsbourg, ennemi mortel de la France … se refusant à reconnaître Philippe V … Autant dire que, chatelain de Moulinsart depuis 1684, il ne pouvait être en odeur de sainteté en 1713 … d’autant plus qu’il ne pouvait alléguer de sa légitimité, ayant négligé d’emporter, en même tems que le trésor, l’acte de donation de Louis XIV se trouvant … au fond de la mer des Antilles dans l’épave de "La Licorne" !!!
Mais … était-il encore vivant en 1713 … ? Il serait alors probable que "les trois frères unys" se soient alors … « désunis », chacun partant de son côté, le fils aîné, conformément au droit d’aînesse, demeurant (pour combien de temps ?) à Moulinsart avant que d’être contraint de le quitter … La découverte, par les frères Loiseau, "d’un petit modèle de bâteau, en très mauvais état" (SDL, 56-III-3 : une des "Licorne" confectionnées par le chevalier) comme le fait que le trésor soit demeuré enfermé, intact, en son mystère, pendant trois siècles, sous la protection de "la Croix de l’Aigle", semblent attester de cette dernière hypothèse … Quoiqu’il en soit, que, significativement, le domaine de Moulinsart ait finalement échu aux frères Loiseau (des « gueux » au sens « Ancien Régime » du mot !), symbolise cette déchéance des « Hadoque » …
Considérons le saisissant contraste entre les attitudes de Tintin et du capitaine Haddock, le PREMIER jour de recherche du trésor dans l'épave de "La Licorne" ... D'une part, Tintin, remontant de la nécropole du vaisseau gisant en les profondeurs marines de la mer des Antilles "une croix en or incrustée de pierreries" et "un sabre d'abordage" ... "Magnifique cette croix" (TRR, 41-IV-2) commente Haddock ... manifestement celle que l'on distingue dans les… voir la suite
Considérons le saisissant contraste entre les attitudes de Tintin et du capitaine Haddock, le PREMIER jour de recherche du trésor dans l'épave de "La Licorne" ... D'une part, Tintin, remontant de la nécropole du vaisseau gisant en les profondeurs marines de la mer des Antilles "une croix en or incrustée de pierreries" et "un sabre d'abordage" ... "Magnifique cette croix" (TRR, 41-IV-2) commente Haddock ... manifestement celle que l'on distingue dans les bras d'un pirate, transférant à bord de "La Licorne" "le butin qui a été fait, il y a trois jours, lors de l'attaque d'un vaisseau espagnol" - SDL, 21-II-2 et 21-IV-1 -) ... De l'autre, le capitaine Haddock, descendu à son tour vers l'épave pour en ramener ... du rhum ... "trace" de cette "cargaison" de "La Licorne", essentiellement constituée de ... "enfin, il y avait surtout du rhum" (début de son récit de l'album précédent - SDL, 14-IV-3 -) ...
"Une bouteille de rhum, mes amis ! ... Du rhum de la Jamaïque ! ... Vieux de deux cent cinquante ans ! ... Vous allez m'en dire des nouvelles !" (TRR, 43-I-2) commente, hilare, le capitaine ... Et ... "GLOU GLOU GLOU ... GLOU GLOU GLOU" (TRR, 43-I-3, a, b) !!! Quant à savoir si ce rhum était encore buvable ... Qui sait si les profondeurs marines n'ont pas servi de ... "conservant" ... ? Toujours est-il qu'il est qualifié de "merveille" : "Une p-p-pure merveille" (TRR,43-I-4) par cet "expert" en spiritueux ... !!! Il est vrai que la concupiscence éthylique du capitaine est, en l'occurrence, ... "pardonnable" : par la faute de Tournesol, il n'y avait plus UNE SEULE goutte de whisky à bord, les caisses dans lesquelles il se trouvait, ayant été "innocemment" escamotée par le professeur pour faire place aux pièces de son "requin-sous-marin" (TRR, 20-IV-2) ... lequel sous-marin rendra un INESTIMABLE service, non seulement en la découverte de l'épave de "La Licorne" mais aussi - et SURTOUT ! -, en celle des "vieux parchemins" (TRR, 48-IV-2) si méprisés par un Haddock "bipolaire", passant si facilement de l'exaltation à la dépression : "Des parchemins ? ... Bon ... Et après ? ... Que voulez-vous que j'en fasse, moi, de vos parchemins" ?" (TRR, 58-IV-2) ... L'extension INATTENDUE de l'album prouvera leur importance CAPITALE en le fait qu'ils apprendront la donation du domaine de Moulinsart conférée par Louis XIV au chevalier de Hadoque (TRR, 58-I-2), que leur découverte et leur décryptage par Tournesol en permettront l'acquisition grâce à l'argent du rachat par "le gouvernement" (lequel ... ? Mystère ... !) du brevet dudit "requin-sous-marin" (TRR, 59-I-2) ET ... en la découverte du trésor !!! (*)
(*) Je me suis efforcé de décrypter la nécessité éthique et morale de l'apparent "échec" de l'expédition et la réalisation des "trois frères unys" (Tintin-Haddock-Tournesol) en mes interventions des 23 juin 2015 et 11 avril 2018
Quoiqu'il en soit, le ... "bilan" de cette première journée est, de manière humoristique, singulièrement "oublieux" de l'objectif de l'expédition, ainsi qu'il ressort de la saisissante vignette intitulée "Le même soir ..." (TRR, 44-II-3) : pas moins de ONZE bouteilles de rhum "trônent" sur la table, voisinant avec une douzième, entamée par Haddock et Tournesol, sirotant leur rhum ... Apparemment, il n'y a alors eu d'autre prise touchant au trésor QUE celle exhibée par Tintin dans la même vignette ... qui "aurait préféré découvrir le trésor" ne partageant sans doute pas la même "communion" à l'alcool ...
bonjour, j'ai l'édition de 1952, et je note que Le Sceptre d'Ottokar n'apparait pas dans la liste sur le dos de l'album, normal?
Il est vraiment passionnant, l'un de mes préférés.
exact ! personellement, j'adore tournesol car il est à moitié sourd, c' est ça qui le rend comique !
On se demande si sur l'île nos amis ne se comporteraient pas comme des pilleurs. C'est trop facile de s'emparer de certains objets sur l'île où dans les fonds marins. Cependant le professeur Tournesol aura rendu service à nos amis et fait preuve de générosité. C'est grâce à lui que nos amis découvrent enfin le trésor !
Notre ami Thommois me pose une très intéressante et très pertinente question touchant à l'expression de l'éthique et la morale dans "Le trésor de Rackham de Rouge" ... Je rappelle préalablement la conclusion de mon intervention du 23 juin 2015 :
"L’odyssée en mer des Antilles, occupant pas moins des deux tiers de l’album (TRR, p. 13 à 55), représente, à partir d’une épreuve d’espèce initiatique (la vaine quête du trésor sur les lieux du naufrage de LA LICORNE), l’expression… voir la suite
Notre ami Thommois me pose une très intéressante et très pertinente question touchant à l'expression de l'éthique et la morale dans "Le trésor de Rackham de Rouge" ... Je rappelle préalablement la conclusion de mon intervention du 23 juin 2015 :
"L’odyssée en mer des Antilles, occupant pas moins des deux tiers de l’album (TRR, p. 13 à 55), représente, à partir d’une épreuve d’espèce initiatique (la vaine quête du trésor sur les lieux du naufrage de LA LICORNE), l’expression d’un rite de passage, d’une purification rachetant … l’origine triplement ignoble, triplement sanglante du trésor … Acquis par les Espagnols au prix du travail (et du sang !) des Amérindiens, volé par Rackham lors de l’attaque d’un vaisseau espagnol (que l’on devine sans peine avoir été sans pitié), il a finalement été escamoté par le chevalier de Hadoque qui, symboliquement, a "vengé" les Amérindiens en tuant un Espagnol, "Diego le Navarrais" (SDL, 20-I et II), le "fidèle lieutenant" de Rackham - il en ricane dans sa barbe ! (SDL, 21-III-2) -, procédant au passage à une double exécution : le chef des pirates d’abord (au cours d’un duel sans merci, la légitime défense, manifeste, revenant au chevalier), l’équipage de forbans ensuite, déjà réduit de moitié par sa main lors de l’assaut de LA LICORNE (SDL, 21-III-2) et voué sans appel à la mort !!! Duel et exécution relèvent d’une double ordalie d'espèce "médiévale" : à chaque fois, "le Jugement de Dieu" est invoqué par "l’Ange exterminateur-chevalier" en guise de justification : "Et voilà ! … Dieu lui pardonne tous ses crimes …" et "Justice est faite" - SDL, 25-III-2 et 26-II-1 -) …"
Je n'ai finalement compris le sens profond de l'album "Le trésor de Rackham le Rouge" qu'à la lecture du divertissant "Colloque de Moulinsart" de Henry van Lierde et Gustave du Fontbare, éd. Rossel - 1983 -, entre les pages 80 et 91 ... L'origine ignoble et sanglante du trésor échéant finalement au capitaine Haddock, dernier héritier du chevalier, est "rachetée" non seulement par l'odyssée en mer des Antilles en forme d'épreuve "purificatrice" et la compréhension, par Tintin, de l'ésotérisme enclos en la phrase finale des parchemins, mais SURTOUT ... par Tournesol, personnage "fou" présentant dans son "innocence", une frappante analogie avec Parsifal, le "chaste fol", missionné supérieur !!!
C'est en effet à ce nouveau venu de la création hergéenne, expression plus que jamais humoristique du "savant", que revient :
1° le mérite d'avoir découvert, par l'étude des parchemins ramenés du fond de l'eau (la SEULE utilité, mais ESSENTIELLE, de l'odyssée marine) et si méprisés par un Haddock plongeant dans des abîmes de déception ("Des parchemins ? ... Bon ... Et après ? ... Que voulez-vous que j'en fasse, moi, de vos parchemins ? -TRR, 48-IV-2), l'histoire du château de Moulinsart .
2° l'acquisition du château grâce à l'argent qu'il a gagné avec son sous-marin de poche ("Le gouvernement m'a acheté fort cher le brevet de mon petit submersible" - TRR, 59-I-2) et qui permet alors la découverte finale du trésor ...
Sa GÉNÉROSITÉ (du latin "generosus", "de bonne famille", "de haut rang"), ignorant l'échange mercantile, écartant toute spéculation dans l'achat du château, efface la MALHONNÊTETÉ originelle du chevalier (qui, conformément à l'ordonnance de Colbert de 1681, aurait dû remettre sa prise à Louis XIV) et celles, TRÈS subtilement MASQUÉE par Hergé, de Tintin et Haddock, s'appropriant "illégalement" les parchemins ayant appartenu à Sakharine (un collectionneur en dehors de l'intrigue !) et aux frères Loiseau (des criminels ... on ne va pas se "gêner" !), trouvés chez Filoselle (un cleptomane !). Ce faisant, Tournesol "récupère" en quelque sorte la plus belle vertu de Tintin, sa générosité, "mise à mal" par ces deux albums terriblement terre-à-terre (on n'avait jamais vu Tintin montrer de l'avidité !) ... Dès lors, trois siècles après, s'accomplit le souhait, d'espèce supérieur, d'essence spirituelle, quasi "religieux" du chevalier : "Trois frères unys" !!!
Hilarante la douce et belle vengeance (quoique légèrement teintée de sadisme !) du Capitaine qui abandonne le journaliste fouineur de "La Dépeche" aux mains ( et aux oreilles !) de Tournesol en sachant d'avance que l'autre ne saura plus cinq minutes après où il en sera !
Sympa pour la première apparition du pr Tournesol.
Mon préféré, je l' ai lu tellement souvent.
C'est un pur bonheur pour moi de relire ce livre qui est un de mes préférés
Un must, toujours un immense bonheur à relire
J'adore ce livre je ne peux m'en passer
D’entrée d’album, Hergé, en une énième utilisation du comique haddockien, administre de manière savante deux discrets et apparemment anodins coups de patte exprimant en substance deux antipathies voire même deux aversions personnelles :
1° une GENIALE contrepèterie en cette quasi homonymie entre Tino Rossi et l’annonce d’un certain "Rino Tossi" tenant le rôle de Boris Godounov (allusion à l'opéra "Boris Godounov" de Modeste Moussorgski), mentionné ironiquement par le… voir la suite
D’entrée d’album, Hergé, en une énième utilisation du comique haddockien, administre de manière savante deux discrets et apparemment anodins coups de patte exprimant en substance deux antipathies voire même deux aversions personnelles :
1° une GENIALE contrepèterie en cette quasi homonymie entre Tino Rossi et l’annonce d’un certain "Rino Tossi" tenant le rôle de Boris Godounov (allusion à l'opéra "Boris Godounov" de Modeste Moussorgski), mentionné ironiquement par le biais d'une publicité affichée sur une colonne Morris ... En fait, ladite affiche figurant en biais, n'est offerte à la vue que du SEUL lecteur (TRR, 2-II-3 et III-1, 2), l'attention du capitaine étant tellement absorbée par l’article du journal (on a précédemment appris, en 2-IV-2, qu’il s’agissait de l’annonce de l’expédition) qu’il s’en va heurter de plein fouet la colonne … significativement UNE case après. L'expression du comique hergéen se continue alors, en forme de "point d'orgue", par le choc émotionnel répondant au choc physique éprouvé : la lecture du slogan publicitaire "Les informations de la Dépêche sont des informations qui frappent" ... Convocation et expression de deux formes d'humour hergéen (direct - La Dépêche" - et indirect - "Rino Tossi" -), le second anticipant et contrepointant le premier !!!
Le burlesque convoqué par cette contrepèterie est TRIPLE :
a) en la différence, fondamentale, existant, artistiquement parlant, entre ce prétendu "Rino Tossi", artiste lyrique de son état, et Tino Rossi, "chanteur de charme" qui, certes, ne devait pas son succès à la puissance de son organe (c'est plus que jamais le cas de nos jours, pour des milliers de pseudo "artistes", "Stars" dérisoires aux "voix" fluettes ou éraillées et qui ne seraient RIEN si leurs ... "prestations" n'étaient répercutées par de formidables moyens électroniques d'amplification !) ;
b) en la tessiture des voix (basse profonde pour le supposé "Rino Tossi" et ténor très léger pour Tino Rossi) ;
c) en le contraste suggéré par la voix "chaude", méditerranéenne, de Tino Rossi et, en dépit d'un patronyme à consonance italienne, ce "Rino Tossi" censé assumer le rôle terriblement exigeant de Boris Godounov, nécessitant une sonorité et une couleur de "basse russe" ;
Cette mécanique du burlesque hergéen pourrait bien signifier une allusion secrète au peu de cas que faisait Hergé (à l'instar de Montherlant dénonçant, dans son article "L'équinoxe de Septembre", une "France rendue à la belote et à Tino Rossi" après "Munich 1938") pour le "chanteur de charme" en question ...
2° en contrebas de cette colonne Morris figure la TRÈS CLAIRE allusion en forme de clin d’œil "négatif" (elle aussi adressé au SEUL lecteur) au narcissisme et à la mégalomanie de Sacha Guitry (auteur d’une célèbre "profession de foi" : Si les gens qui disent du mal de moi savaient ce que je pense d'eux, ils en diraient deux fois plus"), soit :
l'affiche en forme de vraie-fausse réclame au "Théâtre des Galeries" de Bruxelles d'une pièce intitulée "MOI" (en très GROS caractères) surmontant la triple mention du nom du célèbre auteur de théâtre et de cinéma. C'est que, outre qu'Hergé, si attentif à la création cinématographique, ne pouvait ignorer que les détracteurs de Sacha Guitry l'avaient impitoyablement affublé du sobriquet "Monsieur MOÂ, il semble bien qu'un antagonisme et une détestation certains aient opposé ces deux créateurs ... Le "piquant" du fait est que Sacha Guitry réalisera le film "Donne-moi tes yeux", sorti à Paris le 24 novembre 1943, quelques mois après la publication, le mardi 23 février 1943, du 4ème des 183 strips de "Le Trésor de Rackham le Rouge" (paru dans "Le Soir", du 19 février au 23 septembre 1943) ayant pour objet ces ANTI publicités ...