Bianca Castafiore
Bianca Castafiore est une célèbre cantatrice connue internationalement. Elle se produit dans les plus grandes salles du monde, notamment à la Scala de Milan.
Testez vos connaissances
+
Nom
Bianca Castafiore signifie littéralement "blanche chaste-fleur". Bianca est également couramment surnommée "Le rossignol milanais".
Âge
Selon Hergé, Bianca Castafiore serait âgée de 45 ans.
Famille
Bien que la presse l'a fiancée successivement à diverses personnalités, le rossignol milanais n'a en vérité pas de famille connue. Son entourage proche est composé exclusivement de sa fidèle accompagnatrice Irma, ainsi que de son pianiste Igor Wagner.
Naissance de Bianca
Procédant de la même façon que pour Tintin et Haddock, Hergé réunit plusieurs ingrédients pour façonner le personnage de la Castafiore. En premier lieu, il se souvint que, lorsqu'il était encore enfant, sa tante Ninie, accompagnée au piano, régalait la famille Remi des puissantes inflexions de sa voix perçante. Ses interprétations ne firent rien pour nourrir chez lui un quelconque amour de la musique, pour ne rien dire de l'opéra, qui pût égaler son enthousiasme précoce pour le dessin, puis sa passion pour les arts visuels.
En fait, elles ont sans doute contribué à renforcer son inaptitude à trouver le moindre attrait à l'opéra, une forme d'expression artistique qu'il considérait comme assez ridicule et peu crédible. " L'opéra m'ennuie ", confia-t-il à Numa Sadoul, " je l'avoue à ma grande honte ! Ou alors il me fait rire. " Rien d'étonnant, dès lors, s'il a créé une cantatrice archétypale qui nous fait sourire.
Partant de ce stéréotype, dont Tintin et le lecteur croisent la route pour la première fois dans Le Sceptre d'Ottokar, Hergé va raffiner et enrichir son personnage au fil de ses apparitions ultérieures.
La Callas, un modèle !
C'est dans les années 1950 qu'Hergé trouva son véritable modèle pour la Castafiore, quand les journaux et les magazines d'actualités comme Paris-Match, l'une des ses sources de documentation privilégiées, rapportaient par le menu les moindres faits de la prodigieuse carrière professionnelle et de la vie privée de Maria Callas. Ses interprétations légendaires à Milan, New York, Chicago, Londres et Paris mirent le monde à ses pieds.
En 1964, Sir David Webster, le directeur de Covent Garden à Londres, la présenta comme " la plus grande artiste lyrique de [notre] époque ". Elle était " La Divine ", la cantatrice la plus célèbre de l'époque.
Un air célèbre
Le choix de l'air fétiche est un trait de génie d'Hergé : l'air des Bijoux de Faust de Charles Gounod, un opéra magnifique. Cet air décrit le moment où, dans la tragédie de Goethe, la jeune Marguerite découvre les bijoux que Méphistophélès a intentionnellement laissés dans un coffret.
Elle les essaie et, se regardant dans un miroir, est éblouie par le spectacle. Sur un tempo de valse, elle déclame : " Ah ! Je ris de me voir si belle en ce miroir ! Est-ce toi, Marguerite, est-ce toi ? " Le rôle de Marguerite fut créé en 1859 par Marie Miolan-Carvalho dont la tessiture de soprano colorature lyrique - dramatique ne trouva d'équivalent qu'un siècle plus tard avec Maria Callas.
En mai 1963, l'année de la publication des Bijoux de la Castafiore, La Callas, précisément, enregistra l'air des Bijoux de Gounod dans la salle Wagram à Paris avec l'orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire dirigé par Georges Prêtre. La réalité rattrapait encore une fois l'univers d'Hergé.
Caractère
Si elle est, c'est un fait, d'une vanité insondable, Bianca Castafiore, il faut le souligner, fait preuve dans les Aventures de deux qualités plus qu'éminentes : la loyauté et le courage.
Lorsque, dans L'Affaire Tournesol , elle n'a pas hésité à risquer de se compromettre et à cacher Tintin et Haddock dans sa penderie alors que le lubrique Sponsz, qui n'est pas sans rappeler l'odieux Scarpia de Tosca dans l'opéra de Puccini, fait irruption dans sa loge.
Son courage se manifeste aussi avec éclat durant sa comparution au palais de Justice de Tapiocapolis. Elle se fait une beauté, tandis que le procureur profère ses éructations. Le réquisitoire incendiaire résonne dans le prétoire : "Contre cette sirène au cœur de vipère, conte ce monstre à la voix d'or, je demande, je requiers, j'exige : la prison à vie !"
Loin de se laisser abattre, elle ne cache pas son mépris pour ce réquisitoire absurde, le dit, et entonne avec sa vigueur habituelle l'air de Bijoux.
La passion des bijoux
Si elle chante les bijoux, elle éprouve une véritable passion obsessionnelle à leur égard. Maria Callas, reine de la jet-society des années 1950, collectionne aussi les joyaux d'une rare qualité durant sa liaison passionnée avec l'armateur grec Aristote Onassis.
Cependant, il semblerait que la majorité des bijoux de la diva ne sont que du toc! Inversement, tout porte à croire à l'absolue authenticité d'un seul "bijou", pour lequel Bianca verse des pleurs, à savoir son émeraude offerte par le maharadjah de Gopal.
Sentiments
Si les sentiments de Tournesol restent sans écho, Haddock paraît plus "chanceux". Ses malheurs successifs dans Les Bijoux raniment l'instinct maternel de la prima donna. Elle est aux petits soins pour lui, elle soulage la piqûre de guêpe, elle le promène dans son fauteuil roulant à travers le parc. Rien d'étonnant, dès lors, si les journalistes de Paris-Flash, allusion à peine voilée à Paris-Match, échafaudent une possible idylle, voire un projet de mariage.
Une dernière séquence en forme de conclusion se déroule dans Tintin et les Picaros. Libérée, une assiette de pâtes vide à la main, la Castafiore se précipite vers le capitaine " Karbock ", nullement découragée par le costume de carnaval : " Dans mes bras, caro mio ! Dans mes bras ! Je savais bien que vous viendriez me tirer de là ! ". Elle écrase une larme et embrasse le marin, assurément moins enthousiaste qu'elle.
Dans Les Bijoux de la Castafiore , elle énumère la liste de ses admirateurs : " Les journaux m'ont déjà fiancée successivement au maharadjah de Gopal, au baron Halmaszout, chef du protocole à la Cour de Syldavie, au colonel Sponsz, au marquis di Gorgonzola, et j'en passe. " Narcisse féminin, son véritable amour, c'est elle. Le pauvre professeur Tournesol, malgré ses roses et sa courtoisie à l'ancienne, ne peut nourrir aucun espoir réel de succès amoureux. Il a peut-être conquis la Lune, mais pas le rossignol milanais, Bianca Castafiore.
Évolution du personnage
Bianca Castafiore, l'imposante soprano plutôt mal fagotée rencontrée en 1938-39, se transforma au fil du temps en une femme élégante et raffinée.
La transformation est telle qu'il n'y a rien de vraiment surprenant à ce que le professeur Tournesol se soit pris subitement de passion pour la diva dans Les Bijoux de la Castafiore.